Co-développement : Késako ?
Il s’agit d’une démarche aux origines canadiennes, basée sur l’échange de pratiques, l’entraide et l’intelligence collective, conçue et développée par Claude Champagne et Adrien Payette, qui en donnent la définition suivante :
« Un groupe de co-développement est un groupe de personnes qui veulent améliorer leur pratique professionnelle, quelle qu’elle soit,
et qui s’entraident dans ce sens, car elles croient pouvoir apprendre les unes des autres »
L’objectif est d’apprendre au contact des autres, développer son identité professionnelle et améliorer sa pratique par l’expérience, l’échange, l’action et l’expérimentation, en prenant en compte la dynamique de groupe.
Quelles sont les fondements théoriques et scientifiques ?
Dans le groupe de co-développement professionnel, tout le potentiel du groupe est sollicité. Le groupe facilite un processus d’abord individuel et les interactions entre les participants favorisent des apprentissages et de la coopération à partir du cadre posé. Le groupe prend la forme d’une communauté de pratique (Champagne et Langelier, 2008) dans une perspective sociale de l’apprentissage. Le cadre proposé précise l’engagement mutuel de s’entraider et propose de construire une entreprise commune et un répertoire partagé autour d’une pratique ou d’un ensemble de préoccupations similaires, le tout étant sujet à contrat entre les participants. Il invite à la prise de temps d’arrêt pour réfléchir et interagir, à l’échange, au partage et au soutien. Il s’agit d’une forme de supervision par le groupe, que d’aucuns associent à de l’inter-vision.
La démarche de co-développement peut aussi être considérée avec des dimensions de gestion des connaissances (Champagne et Desjardins, 2010), à partir des savoirs explicites et tacites en cause.
- Le savoir explicite est celui qui peut être expliqué, documenté, verbalisé par celui qui le possède, s’il le souhaite et en fonction de ses compétences à le faire.
- Le savoir tacite est plus intangible, non explicite, difficile à verbaliser et à expliquer clairement.
La pratique réflexive en co-développement, invite à rendre explicite le tacite et vise à expliciter les schémas d’action et d’intervention du participant. Ceci lui permet de prendre du recul sur sa pratique pour ensuite être plus efficace. L’exercice peut amener à identifier les meilleures pratiques du participant en trouvant « Comment cela marche-t-il lorsque cela fonctionne bien ? »
Pourquoi un tel succès ?
Les règles du jeu sont simples. Chacun est acteur tout de suite, dès la première séance. C’est une bouffée d’oxygène, un espace où l’on prend enfin le temps de se poser, s’exprimer, écouter, « être écouté, sans se sentir jugé ni critiqué ». Chacun trouve sa place, prend la parole à tour de rôle, dans un respect mutuel. Tous les avis sont importants, et les divergences acceptées, voire recommandées et appréciées car utiles.
Les principes de base (Payette et Champagne, 1997) sont :
- La pratique a des savoirs que la science ne produit pas
- Apprendre une pratique professionnelle, c’est apprendre à agir
- Échanger avec d’autres sur ses expériences permet des apprentissages impossibles autrement
- Le praticien en action est une personne unique dans une situation unique
- La subjectivité de l’acteur est aussi importante que l’objectivité de la situation
- Le travail sur l’identité professionnelle est au cœur du co-développement.
En clair, cela signifie que :
- S’améliorer est une quête qui trouve une prise dans l’enquête
- L’expérience et l’enquête sont des moteurs de l’apprentissage
- On s’améliore et on apprend d’abord seul mais aussi beaucoup avec les autres
- L’entraide est un puissant levier d’amélioration et d’apprentissage
- En pratique, l’action avec réflexivité suscite l’apprentissage
- Être orienté vers les solutions ne signifie pas nécessairement résoudre le problème
- Chacun est auteur et acteur de ses solutions, dans sa réalité unique.
Si vous êtes intéréssé(e)s par cette démarche et souhaitez la mettre en oeuvre, n’hésitez pas à nous contacter.
C.R.